Hunger Games, Battle Royale ou Totémisme et rite de passage ?


Hunger Games est une trilogie romanesque américaine de science-fiction écrit par Suzanne Collins et dont le premier tome est sorti en 2008.

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Dans une Amérique post-apocalyptique, un nouvel Etat, Panem, est gouverné d’une main de fer par un président tyrannique. Ce pays se divise en 12 districts auquel s’ajoute le Capitole.

Chaque année a lieu la Moisson : 1 garçon et 1 fille de chaque District, ayant entre 12 et 18 ans, sont tirés au sort pour participer aux “Hunger Games”. Ces “jeux de la faim” se déroulent dans une arène où les participants doivent s’entretuer afin qu’il n’y ait qu’un seul survivant. Ce dernier permettra aux habitants de son district d’obtenir assez de nourriture pour une année. Le vainqueur sera également logé, payé à vie. Il devra s’occuper des prochains candidats de son district

Katniss Everdeen est une adolescente de 16 ans vivant dans le district 12. Lorsqu’elle voit que sa sœur est tirée au sort pour la Moisson, elle décide de se porter volontaire.

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Battle Royale est un roman japonais écrit par Köshun Takami paru en 1999. Il donna lieu à des adaptions en mangas et cinématographique.

Dans un futur alternatif, la République d’Extrême Orient domine une grande partie de l’Est de l’Asie à travers une politique de Terreur. L’armée et la police sont quasi-omnipotentes, et les relations avec l’étranger sont impossibles.

Chaque année une classe de 3ème est sélectionnée pour participer au “Programme”. Cette classe est menée vers une ile sur laquelle ils doivent s’entretuer, afin qu’il n’en reste qu’un. Ce dernier recevra une pension à vie lorsqu’il reviendra chez lui.

Que ce soit dans Battle Royale ou Hunger Games, la mise en place de ces arènes ont pour origine un climat d’insécurité : Le district 13 se serait rebellé contre le Capitole dans Hunger Games, alors que dans Battle Royale, le gouvernement explique la mise en place de ce jeu afin de punir les adolescents enclins à l’ultra-violence.

Freud suppose à l’origine de l’humanité une “horde primitive” constituée par un  groupement humain sous l’autorité d’un père tout-puissant possédant seul l’accès aux femmes. Les fils du père, souhaitant également posséder les femmes, décidèrent de se rebeller et tuèrent leur Père. Après le meurtre, ils le mangèrent dans un “repas totémique”.

Après ce repas, la culpabilité s’empara des fils. En l’honneur du père, et par peur de sa vengeance, ils construisirent un totem à son image.
Pour que la situation ne se reproduise jamais, les fils mirent en place des règles, correspondant aux deux tabous principaux : la proscription frappant les femmes appartenant au même totem (inceste) et l’interdiction de tuer le totem (meurtre et parricide).

Pour Freud la culture s’est construit autour du meurtre et de l’inceste. La culture serait ce qui nous pousse à nous défendre de nos pulsions.

Freud, dans Totem et Tabou, a permis de comprendre le symbolisme inhérent aux rites. Il lui accorde en partie un rôle surmoïque afin de maintenir dans le “ça” les pulsions du sujet.

Tant dans Hunger Games, que dans Battle Royale, il semble y avoir un meurtre du Père ou une volonté mortifère qui explique pour quelles raisons sont mises en place ces jeux. Le choix sacrificiel pour le meurtre du Père se porte sur des adolescents : l’âge de transition entre l’enfant et l’adulte.

Pour Alain Braconnier « l’adolescence est un risque en soi, un risque obligé. […] L’adolescence est un moment où le sujet prend conscience de cette incertitude sur l’avenir, il prend en compte que sa propre existence va devenir un futur inconditionnel et que ce futur inconditionnel l’amène, dès lors, à envisager l’avenir comme une menace ».

Le Breton parle lui de « rites ordaliques ». L’ordalie vient du latin « ordalium » se définissant comme «jugement de Dieu». Ainsi, l’adolescent s’en remet à une entité transcendantale, supérieure, telle que la mort lors de ces rites. La mort lui garantira ainsi le fait de vivre « Si l’issue est favorable, cette approche symbolique ou réelle de la mort engendre une puissance de métamorphose personnelle reconstituant le goût de vivre au moins pour un temps. Elle régénère le narcissisme personnel, restaure le sens et la valeur lorsque la société échoue dans sa fonction anthropologique de dire pourquoi l’existence vaut d’être vécue, pourquoi l’être est préférable au néant ».

La ritualisation est indissociable du Totémisme. La ritualisation est inhérente à la culture et renvoie à la prohibition de l’inceste et à la prohibition du meurtre.

2 commentaires sur « Hunger Games, Battle Royale ou Totémisme et rite de passage ? »

    1. Merci beaucoup! J’avais vu votre article mais n’avais pas encore pris le temps de répondre.
      Pour cet article, traitant peut être autant de l’anthropologie que de la psychologie, ce qui m’intéresse au plus au point (au vue des deux mémoires, l’un que j’effectue, et l’autre que j’ai effectué traitant de la question des rites et de leur place d’un point de vue psychologique), il n’aborde pas forcement de concepts très psychologiques.
      Pour ce qui est des commentaires sur mon blog, vous avez raison : malgré des visites assez importantes et constantes, peu de commentaires sont postés par les visiteurs.
      Une remise en question s’impose peut être sur ce dernier point!

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